Note de mise en scène d’Immortels

Si je prends le temps de dresser ce tableau quelque peu impressionniste sur l’adolescence et tous les clichés qui vont avec, c’est justement pour les éviter à tout prix. Les médias et les séries télévisées contribuent, encore une fois, à entretenir l’image que nous avons des jeunes de manière générale. Je pense à l’image de ces jeunes hystériques, nerveux, violents, pas contents de la société, de leurs parents, drogués et individualistes … Dieu merci ce n’est pas vrai, et la question est bien plus subtile.

Mon but n’est pas de faire une analyse ou étude sur les jeunes, ce n’est pas, non plus, un spectacle pour expliquer ce qu’est la jeunesse. Je n’ai ni la prétention, ni les compétences pour cela. Je souhaite simplement mener cette aventure théâtrale avec de jeunes acteurs, en leur proposant de jouer des adolescents.
La jeunesse m’intéresse en tant que mythe. Depuis la nuit des temps, elle exerce une fascination universelle et berce notre imaginaire : la littérature, la peinture, la musique, tous les plus grands poètes ont chanté un jour cet hymne à la jeunesse.

Immortels se situe entre le songe et la réalité, l’endroit où notre monde se fissure et se confond avec celui de nos ancêtres disparus – Le gouffre des vertiges – ces forces qui nous entourent sans le savoir, bien plus puissantes qu’on ne l’imagine.

On ne peut se lancer dans ce projet sans se poser la question de la langue. Quelle langue pour ces jeunes ? La langue des ados ? Une langue imaginaire ? Ou bien au contraire une autre plus naturaliste ? Réaliste ?… Je pense qu’il ne faut pas chercher à parler « jeune ». Les corps des jeunes acteurs, leur voix, les personnages qu’ils jouent et les costumes nous donnent déjà des milliers de signaux à la seconde. La résolution de cette question se trouvera très certainement si nous avons à faire à des situations dramatiques suffisamment fortes et intéressantes pour que le propos puisse prendre son envol et offrir une place à la magie, à l’illusion, à la virtuosité…