Note de mise en scène de Une étoile pour Noël

Nasser est arrivé un jour avec un désir démesuré autour de ce projet qui tenait en quelques lignes et en tout un vécu. Nous ne nous connaissions pas.

Texte, personnages, mise en scène : Tout était à créer. Dans ce monde inconnu il a fallu chercher les racines, les liens, les non-sens, les nœuds, les écorchures. Il a fallu aider à faire naître l’histoire de Nabil, et la faire mienne, tirer le monde de Nasser vers ma propre sensibilité artistique sans rien dénaturer, pour que cette histoire intime devienne une histoire publique et que chacun puisse se l’approprier. Chaque figure de cette histoire a eu, durant cette maturation, plusieurs visages, excessifs, burlesques, tragiques, et au cours des improvisations qui devaient nous mener à l’écriture finale le modelage s’est affiné pour arriver à la vérité des personnages actuels. Notre obsession première n’était pas politique, notre obsession était de donner raison à chaque personnage suivant sa logique interne. Leur folie ne devait provenir que de leur logique implacable, de leur fragilité, de leur humanité. Nous avions des choses à dire et rien à juger. Le jugement ou l’appréciation finale ne devait être laissé qu’au seul spectateur.

Aujourd’hui la famille des personnages apportés par l’histoire de Nasser est devenue la mienne et si, de par mon vécu, je ne suis pas Nabil, je suis très certainement sa sœur, sa mère ou quelque chose d’approchant. Il y a des chromosomes à moi dans cette famille-là. Et il est assez agréable d’entendre à leur tour des spectateurs parler de nos personnages comme s’ils étaient des personnes à part entière, les incriminer, les défendre, les aimer et les détester. Comme on le fait pour nos intimes.  »

Natacha Diet